mardi 12 mai 2009

On les appelle cocottes, biches, lorettes ou demi-mondaines, mais elles sont avant tout des Insoumises. Elles vivent ostensiblement de leurs charmes, croquent la fortune des hommes, défraient souvent la chronique par leurs mœurs tapageuses, leur goût du luxe ou le titre princier de leurs amants.
L’époque est à la frivolité. Cependant, dès 1860, l’Empereur Napoléon III crée une Police des mœurs chargée de surveiller ces intrigantes qui échappent à « l’encartage » réglementant alors le commerce de la galanterie. Les officiers de police consignent leurs faits et pratiques dans le registre BB/1, établissant une fiche pour chacune d’elles, accompagnée, quand il existe, d’un portrait photographique. Car la photographie a tout de suite trouvé sa place dans cette affaire, à la fois pièce d’identification pour la police et publicité pour ces dames. La « carte de visite », petit portrait photographique que l’on s’échange dans les milieux mondains vient juste d’être inventée par Eugène Disdéri. Les courtisanes affluent chez les photographes de renom. Leurs portraits prolifèrent dans la vitrine des studios ou à la devanture des kiosques. Pour quelques francs, amateurs, entreteneurs ou policiers pourront les acquérir.
Entre photographies de salon et enquêtes policières, deux regards se croisent.